LUZOLO SALU Voldie

1èreAnnée Secondaire (2015 – 2016)

Née à Kinshasa, le 07 novembre 2002

 

 

Je suis LUZOLO SALU Voldie, élève de première secondaire aux Gazelles, déjà dix ans que je suis aux « Gazelles ». Je suis née un certain 7 novembre 2002, à Kinshasa. Je suis la fille de Luzolo Balonga Jean-Marie et de Salu Kia-Yenge Nicole. Je suis née dans une famille de trois enfants, un garçon et deux filles dont je suis l’aînée. Nous habitons au n°19 bis de l’avenue Yalingo, quartier Yolo-Sud dans la commune de Kalamu.

Depuis ma naissance, je n’ai jamais quitté ma ville natale, Kinshasa. Ni non plus mon cher pays la République Démocratique du Congo. Je vis toujours à Kinshasa, capitale de mon pays. Je n’ai jamais emprunté ni avion, ni bateau, ni train, ni pirogue, ni camion, ni moto, pour sortir de Kinshasa.

Je vais vous décrire ma mère : Salu Kia-Yenge Nicole. Elle est née dans une famille de huit enfants dont elle est la sixième. Née un certain 25 mars à Kinshasa. Dans sa famille, il y a deux filles et six garçons. Les deux filles sont à Kinshasa. Les six autres vivent en Europe. Elle est orpheline de père et de mère.

Le 25 août 2001, elle se marie avec un homme, Luzolo Balonga Jean-Marie. C’est de cette union qu’est née Voldie Luzolo Salu. J’existe maintenant. Le 07 novembre 2002, à 20h30, le téléphone sonna pour informer mon père que je viens de naître.

Avec mes parents, cela n’a pas toujours été la joie. Les disputes sont fréquentes et nos pleurs aussi. Mais pourrons-nous y changer quelque chose ?

Le 20 avril 2005, à 8 heures, le téléphone sonna pour nous informer que mon frère vient de naître, on le nomme Daniel. Mon frère est en cinquième primaire aux « Gazelles ».

En 2009, ma mère est enceinte. Le 29 janvier 2009, tout à coup, le téléphone sonne pour annoncer à ma mère la mauvaise nouvelle : mon oncle de Belgique, l’informe que sa mère est morte. Elle se met à pleurer, se roule parterre comme une petite fille. Les jours passent et le 24 août 2009, elle met au monde ma petite sœur qui s’appelle Mélanie. Deux ans après, le père de ma mère décède. Le jour des funérailles, nous étions au deuil. Que son âme repose en paix !!!

Ma mère prie à l’église « Saint Gabriel ». Elle est belle, gentille, tendre etc. Elle est ménagère. Pour moi, elle est la plus belle maman du monde. Sa grande sœur habite près chez nous. Parfois ma mère passe la journée chez elle. Elle aime trop sa sœur.

Ma mère aime trop ma jeune sœur parce qu’elle est née l’année de la mort de sa mère. Mais elle nous aime aussi. A l’époque, je considérais ma mère comme mon bourreau. Il est vrai que je l’adorais mais la peur dominait comme sentiment quand j’étais avec elle. J’ai l’impression que ma mère me voulait parfaite. Et à certains moments je me dis qu’elle aurait préféré un autre enfant à moi à cause de mes limites.

Chaque période de vacances, elle ressort mes cahiers des années antérieures pour m’obliger à étudier. Elle travaille beaucoup. Mais de tout ce qu’elle fait, mon père ne la récompense pas. Elle aime lui dire ceci : « Tu as de la chance d’avoir une femme comme moi ».

Chaque matin, quand elle se réveille, elle prie. Et puis, une fois quand nous nous réveillons nous prions avec elle. Elle nous dit ceci : « Si tu ne pries pas, le diable pourra facilement te détruire ». Moi, dans ma prière, je demande à Dieu de me protéger, me donner la sagesse, être avec moi pendant la journée ; donner à mes parents assez d’argent. Dès que je termine, je sors de la chambre avec ma brosse à dents en mains.

Quand un des frères de ma mère vient à Kinshasa, elle lui demande de prendre un de nous trois pour l’amener en Europe. Une fois, mon oncle avait proposé à ma mère d’aller en Europe avec elle. Maman avait catégoriquement refusé parce que mon frère et moi allions rester seuls. Qui prendrait soin de nous deux ? Voici une bonne mère, qui pense à ses enfants. Certaines mères ne font pas cela. Je ne sais pas sans ma mère si je saurais bien vivre. Mais la mort nous suit partout où nous allons. Elle peut nous l’arracher.

Maman est une mère responsable. Elle est très importante, précieuse pour moi. Ma mère prépare des plats exceptionnels. Lors de l’émission culinaire, par exemple, c’est seulement pour admirer les plats, mais ma mère, elle suit attentivement pour reproduire quelques recettes qu’elle pourra préparer.

Le jour de Nouvel An, ma mère et moi allons fêter à Kintambo chez ma tante. Nous habitons près de notre tante. Nous allons chez elle ou j’y vais seule. Nous jouons avec mes cousines ; vers 22 heures, maman vient nous chercher pour rentrer à la maison.

Lorsque ma mère zappe elle aime plus suivre la chaîne « Nollywood TV » ou « Cuisine ». Ma mère m’a appris à faire la vaisselle, la lessive et à préparer.

Ma mère n’a pas connu d’autres hommes à part mon père. Elle a raté le voyage à cause de son mariage. Parfois elle se demande pourquoi elle s’est mariée, si le mariage est comme ça, elle allait être une sœur religieuse. Un jour, le professeur Kiyanze nous a appris que les parents doivent s’aimer, se respecter mutuellement, s’aider dans de bons moments, comme dans les moments difficiles. Il faut être fidèle à son mari. Ma mère aime beaucoup son mari et sa famille. Je l’aime aussi beaucoup.

Ma mère me répète souvent : la vie ne fait de cadeaux à personne. Elle me donne une bonne éducation afin que je sois indépendante. Depuis toute petite, j’ai appris que je ne devais compter sur personne, si ce n’est sur moi-même.

Quand je vois la vie de ma mère, je comprends qu’il faut se battre pour atteindre l’excellence, la bataille n’est pas facile vu que beaucoup la livrent pour le même but : réussir, se faire un nom, marquer l’histoire. Persévérer, avancer n’est pas une chose facile. La vie est tellement complexe que l’on ne peut pas prévoir le lendemain. Et l’une des choses, les erreurs que tu commets, tu ne pourras en aucun cas retourner en arrière pour les effacer. Ce qui est fait est fait. Maman aime bien me dire : ne vis pas ta vie comme si c’était un brouillon.

Elle dit que la prière est quelque chose de sacré pour elle. Ma mère avait étudié son école primaire à l’école Mamelo, école secondaire au lycée Boyokani. Elle a fait des études commerciales. La vie ne lui a pas toujours été rose, mais elle s’est bien battue pour réussir.

A l’époque, elle vendait de la boisson, à vrai dire, elle avait un dépôt. Elle gagnait beaucoup d’argent en faisant cela. Elle achetait des bijoux, des bagues etc. Quand elle était enceinte de mon petit frère, elle s’était brûlée à la jambe. Elle marchait avec un bâton. Ma défunte grand-mère l’aidait à faire les petits travaux de la maison. Elle vient souvent signer nos bulletins. Elle nous encourage à réussir, à augmenter nos pourcentages. Elle m’a initiée à travailler dès mon plus jeune âge. Mais, elle me gâte aussi quelque fois. Pour elle, il y a trop de règles à suivre et des travaux à effectuer. Elle aime travailler sans se reposer, elle se réveille chaque jour à 4h00 ; elle s’endort à 23h00.

Ma mère me dit souvent : dans la vie il faut être simple, gentille avec tout le monde. Si tu n’es pas simple quand tu auras un problème ou une difficulté, personne ne t’aidera. Elle m’a appris à parler, la première chose que j’ai apprise, c’était « Maman ». Ma mère est une femme respectueuse, gentille, adorable, etc.

Souvent le jour de mon anniversaire, elle m’offre un joli cadeau. Et le jour de son anniversaire, à mon tour, je lui offre un bouquet de fleurs. Elle compte beaucoup dans ma vie.

Ma mère a grandi à Yolo-Sud, sur l’avenue Place Mangue, n°20. Sa défunte mère vendait au marché, son père travaillait à l’Institut National des Statistiques. Il était directeur des plans. Son père avait deux femmes ; ma mère a un demi-frère qui vit au Nigeria. Mais il porte le même nom que ma mère. Moi, je ne l’ai jamais vu. J’ai appris qu’il viendra nous rendre visite bientôt.

Par moments, je pense avoir raté de bons moments d’enfance. Et je me console en disant que je devais le faire pour affronter mon destin. Je veux que mon rêve se réalise.

Ma mère est de la tribu de Bakongo. Elle est de la province du Kongo Central, territoire de Luozi, secteur de Mbanza Ngoyo. A la femme, on confie les tâches ménagères et l’éducation des enfants. Au moins, ma mère a eu la chance de monter dans l’avion. Son nom est Salu, son post-nom est Kia-Yenge, son prénom est Nicole, son surnom est Mireille. Elle n’aime pas vraiment son surnom. Je ne sais pas pourquoi. Un jour je le saurai. Sa grande-sœur, ma tante, a une fille qui m’aime beaucoup et, je l’aime aussi beaucoup.

Ma mère et moi, nous nous aimons beaucoup. Des fois, elle nous punit, nous frappe. Mais un proverbe dit : « Qui aime bien, châtie bien ». Elle nous châtie bien. Je pense qu’elle est la mère idéale.

Ma mère est catholique. Mais ses parents étaient des protestants. Depuis son enfance elle fréquente l’église Saint Gabriel. Elle a eu la chance de rencontrer mon père là-bas. Ils se sont mariés là-bas. Dans notre église, il y a la grande église et l’ECODIM, la petite église. Nous sommes des chrétiens.

Ma mère aime chanter la chanson de Papa Wemba, de Maman Shabani. Elle adore chanter. Son rêve est de devenir une chanteuse célèbre. Ma mère ne mange pas le « mfumbwa », les feuilles de patate, le chou.

Parmi les viandes, elle aime manger la viande de vache, les sabots (makosso), les côtelettes, le poulet, et comme poisson : les chinchards, le poisson salé, …

A part ceci, elle aime manger le riz, le nsaka-madesu, les frites, les bananes plantains, le mosaka(pâte d’huile de palme), les œufs, du pain, les gâteaux. Quand elle mange le pain, elle aime le fourrer à la margarine, du beurre, du fromage. Elle ne prend ni jus, ni bière.

Ma mère a perdu ses tantes, ses oncles après la mort de sa défunte mère et de son père depuis trois ans. Elle a vécu beaucoup de calvaire, de souffrances, de peines. Parfois, elle se met à penser à toutes ces personnes mortes. Chaque 1eraoût, elle va au cimetière. Mais, on nous avait appris que mon ami avait perdu sa grande-sœur. Le jour de l’enterrement nous sommes allés au deuil, ma mère, ma cousine et moi. Ma mère avait beaucoup pleuré. Au deuil, elle a rencontré les maîtresses, les maîtres, les professeurs, ma tante, plusieurs personnes.

Quand ma mère était jeune fille, elle étudiait au lycée Boyokani. Elle voulait faire la section commerciale. Mais, il y avait seulement la section littéraire. Elle n’en voulait pas. Son père l’avait orientée au Lycée Mpiko. Arrivée là, on lui avait administré un test de niveau. Elle avait réussi et on l’avait admise en commerciale. Quand elle arriva en sixième des humanités, elle avait décroché son diplôme d’Etat.

Son grand-frère voulait qu’elle voyage. Mais, elle avait refusé. Elle voulait seulement se marier.

Elle aime trop le mariage. Arrivée au mariage, elle commence à le détester. Parfois, elle regrette de n’avoir pas accepté d’aller en Europe, peut-être là-bas, ça allait être mieux. Beaucoup de gens pensent que l’Europe est le paradis. On mange cinq fois par jour. Certains disent qu’en Europe, on ne souffre pas. Bon ! Pour moi, c’est faux ; l’Europe n’est pas le paradis. Plusieurs personnes en Europe ont envie de retourner dans leur ville natale « Kinshasa ».

Revenons à notre histoire. Maman est différente de toutes les filles que je connais. Parfois, si tu commets une bêtise, elle ne te parle plus. Cela m’énerve. Je n’arrive pas à passer un jour sans adresser la parole à quelqu’un comme elle.

Ma mère n’avait pas beaucoup d’amies. Ses deux amies d’enfance sont Odile et Daddy. Ma mère a connu Odile à l’école. Elle l’aidait parfois à faire ses devoirs et interrogations. Odile habite à Ngiri-Ngiri. Quelque fois, après les cours, ma mère allait lui rendre visite chez elle. Le père d’Odile s’appelait Masaki. Il est décédé en 2012. Que son âme repose en paix !

Le jour de remise de diplômes, sa meilleure amie Odile était venue chez ma mère. Elles étaient contentes. Ma mère avait obtenu 51% à l’examen d’Etat. A l’époque, si tu obtiens 51%, c’était beaucoup. Mais maintenant 51% est un faible pourcentage.

Bon, je ne sais pas si ma mère a étudié dans quelle université ou institut supérieur. Après cela, ma mère s’était mariée ; mais son amie n’a pas eu la même chance de se marier. Elle vendait les épices à Simba Zigida. Le jour où ma mère m’avait enfantée, son amie avait emmené pour moi du savon, les pampers, les couches, du pain, etc.

Ma mère avait aussi une autre amie, Daddy. Elle habitait dans notre ancienne maison sur Lufungula n°3. Elle est coiffeuse. C’est elle qui fait les soins de visage, la manucure, la pédicure à ma mère. Daddy vit maintenant à Matadi chez son jeune frère. Parfois, elle vient à Kinshasa nous rendre visite. Quand elle vient, elle nous apporte des choses comme du savon, du poulet, de la viande, …

Ma vie aux Gazelles

La première fois que je suis venue aux Gazelles en tant qu’élève, c’était un mardi du mois de septembre 2008. J’étais admise en deuxième maternelle. Le jour de la rentrée, Mme Tatiana nous a raconté des histoires, nous avons chanté, prié, colorié, dansé et découpé : bref, nous avons fait beaucoup de choses.

Maintenant je suis en première secondaire. J’aime beaucoup la première secondaire. Le titulaire est Adrien Mpani Matungulu et l’adjoint, Jean-Baptiste Kiyanze. Le jour de la rentrée, quelques élèves ont raconté leurs vacances. On a étudié des leçons de français, technologie, algèbre, analyse, mathématique et L.T.A (Langues et Traditions Africaines).

On a enseigné dès le premier jour. Comme c’est notre première année au secondaire, tous les professeurs sont nouveaux. Chacun s’est présenté. Ensuite, le professeur MPANI a demandé aux élèves de se présenter.

Je ne connais pas tous les élèves. Il y a quelques nouveaux comme Lebuabanga, Lengo, Aluma, Ntumba, Baseka, Mungulu, Muzunaze, Mbundi. Il y a également des doubleurs comme Abizini, Mbaki, Bamba, Mupalanga. Certains ont quitté l’école.

Tous les professeurs sont gentils avec nous en classe. Je les aime tous. Car tous, ils contribuent à ma formation. Les professeurs de mon école sont les meilleurs qui soient. Ils s’époumonent chaque jour et viennent nous enseigner. Pour moi il faut les respecter comme nous le faisons avec nos parents à la maison. Je me souviens d’une phrase du professeur Kiyanze : l’école est le prolongement de la famille. Les élèves doivent à leurs professeurs l’obéissance, le respect, l’affection et l’assistance aux nécessiteux.

« Les Gazelles » est une bonne école que j’ai connue. Notre promotrice s’appelle Madame Heidi Kabangu. Elle est gentille… Elle habite en Suisse. Je remercie le bon Dieu d’avoir une bonne promotrice comme elle. Madame Kabangu a prononcé un discours dans lequel elle racontait comment elle avait construit sa vie et son école. Mon école fut créée en 1976 à Limete. En 1980, l’école a quitté Limete pour Yolo. Je trouve aussi que le Préfet est un homme juste, intègre et surtout, il est bon.

Les amis. Quand je suis entrée au Gazelle, j’ai rencontré une amie au nom de Abobo Jaëlle. C’est ma meilleure amie. Maintenant elle a quitté l’école. Après son départ, j’ai encore rencontré une amie au nom de Kalumba Grâce. Elle est aussi ma meilleure amie.

En classe, j’ai d’autres amis sympathiques : Matiti Believe, Bamba Tracy, Bamba Stone, Aluma Divine, Mvemba Merveille, Biduaya Tony, Muninga Souzy, Lebuabanga Jessica, Mbombo Pierrette, Mundele Azgad, Wenga David, Nguni’n Bénie, Kuanzambi Aldi, Ntoya Stone et Kapinga Kethia. Ils sont gentils, aimables.

Un ami c’est une personne à qui on fait confiance. Quelqu’un à qui on fait part de ses idées, avec qui on partage toutes ses peines. Il est celui qui peut nous aider, nous écouter lorsqu’on a besoin d’aide. Il doit être capable de nous soutenir, nous dire la vérité. Il doit nous respecter et tenir compte de notre opinion ainsi que de nos goûts.

Une vraie amitié n’a pas d’intérêt. Moi je suis prête à donner ma vie pour ceux qui comptent plus dans ma vie. Je pense que c’est possible qu’une fille ait des amis garçons. Mais dans ma classe si une fille et un garçon sont en train de parler, certaines personnes ont des arrière-pensées. Moi, je suis une vraie amie pour mes amis. Pour moi l’amitié est un sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté, ni sur l’attrait sexuel.

S’il y a quelque chose que je poursuis ici sur terre, c’est de devenir journaliste. J’ai certains principes auxquels je tiens absolument. Etre vierge jusqu’au mariage par exemple. Mais le plus important c’est de finir mes études secondaires, commencer l’université. Chaque chose en son temps.

J’ai une vie qui m’attend et plein de choses. Ce que je serai demain, Dieu seul le sait. Mais je travaille et j’étudie. Je travaille dur pour devenir une bonne personne dans la vie. Je vais juste remercier tous ceux et celles qui ont contribué à mon éducation. Merci !

Kinshasa, novembre 2015